C'est un drôle de trajet. Le temps, élastique, hésite à s'étirer, à rétrécir. Des lambeaux entiers de rue disparaissent dans nos silences sa,s que je les voient. Et d'autres s'étirent. les mots sonnent faux, le silence résonne douloureusement. Nous les mélangeons. Quelque part entre malaise et sérénité, quelque part entre confiance et appréhension.
Je regrette. Un peu. Peut-être. Je ne suis pas encore sûre. Il y a eu trop de mots. J'aurais dû fuir. Je le regarde, son profil: il se découpe sur la vitre et son fond mouvant, l'habitacle immobile. C'est cela, la physique appliquée? Une illusion? Nos corps immobiles, le monde en mouvement? Nos êtres en mouvement dans un monde immobile… C'est cela, notre réalité? Choisir un cadre de référence et décider de la réalité en ce cadre…
Moi, les cadres, ils m'abîmes, je me cogne à leurs montants et leurs angles s'enfoncent dans mes côtes… Moi, les cadres, je préfère les ignorer. Et choisir. Je choisis le silence, je choisis les remarques vides de sens, je choisis le soleil, à travers le pare-brise, le sourire, léger, sur ses lèvres, une trace d'amusement, en moi. Je ne choisis rien.. Je subis… Je subis cet évènement extraordinaire, cette révolution, ce retournement de situation, ce pied-de-nez de l'univers. Andreas Klein qui sait, qui connait une part de mes mensonges… Andreas Klein dont le seul nom me mettait en rogne et qui a ramassé une moi qui n'était que brisée, heureuse de l'être, et l'a un peu recollée… un peu réparée…
C'est un drôle de monde, celui dans lequel je vis…
Un monde où l'on peut freiner, suspendre le temps, s'immobiliser. Un monde où nous nous sourions, un monde où je lui abandonne mon poignet, où je ris un peu, en l'entendant. Un monde qui me laisse un peu incrédule, un peu méfiante, un peu rêveuse.
" Acte II, scène I, je te contacte, c'est ça? "
Je garde un sourire en coin en retirant la ceinture de sécurité. Je passe le pouce sur le poignet qu'il a provisoirement tatoué. Je ne sais pas si je vais l'appeler. Je sais que dès que j'aurai posé le pied hors de sa voiture, le doute va m'engloutir. C'est inexorable. Un phénomène naturel, prévisible. L'arrivée d'une nuit, le flux des marées. Je souris. Je savoure l'instant fragile. Je m'y accroche un peu.
Peut-être inventerai-je un prétexte. Un "je ne retrouve plus ça… Je l'ai laissé chez toi?". Peut-être ferais-je semblant d'oublier.
Ou, peut-être, ça sera simple, le contacter… Pour dire une bêtise. Un "j'ai vu cette fille gifler un mec. J'ai pensé à toi. Comment tu vas?"
J'ouvre la porte, je pivote. Mes pieds sont déjà sur le trottoir, coincés sur leurs talons trop hauts. J'échappe à l'habitacle, me retourne, souris, penchée, un bras appuyé sur le toit.
Je le remercie, je referme la porte, m'éloigne d'un pas. Un merci lourd de trop de sens secrets qui ne m'allège pas vraiment. C'est moi qui suis immobile, à présent, lui qui est entrainé dans un mouvement étranger. Physique appliquée? Comment calcule-t-on la vitesse, sur base du temps - infini, si court, un instant - et de la distance - un gouffre, un mensonge, une présence? Comment y intègre-t-on l'accélération et mes pas qui se détournent et gravissent les marches vers l'appartement?
Sommes-nous encore si éloignés?
A quoi bon la physique?
Ai-je peur?
Je regrette. Un peu. Peut-être. Je ne suis pas encore sûre. Il y a eu trop de mots. J'aurais dû fuir. Je le regarde, son profil: il se découpe sur la vitre et son fond mouvant, l'habitacle immobile. C'est cela, la physique appliquée? Une illusion? Nos corps immobiles, le monde en mouvement? Nos êtres en mouvement dans un monde immobile… C'est cela, notre réalité? Choisir un cadre de référence et décider de la réalité en ce cadre…
Moi, les cadres, ils m'abîmes, je me cogne à leurs montants et leurs angles s'enfoncent dans mes côtes… Moi, les cadres, je préfère les ignorer. Et choisir. Je choisis le silence, je choisis les remarques vides de sens, je choisis le soleil, à travers le pare-brise, le sourire, léger, sur ses lèvres, une trace d'amusement, en moi. Je ne choisis rien.. Je subis… Je subis cet évènement extraordinaire, cette révolution, ce retournement de situation, ce pied-de-nez de l'univers. Andreas Klein qui sait, qui connait une part de mes mensonges… Andreas Klein dont le seul nom me mettait en rogne et qui a ramassé une moi qui n'était que brisée, heureuse de l'être, et l'a un peu recollée… un peu réparée…
C'est un drôle de monde, celui dans lequel je vis…
Un monde où l'on peut freiner, suspendre le temps, s'immobiliser. Un monde où nous nous sourions, un monde où je lui abandonne mon poignet, où je ris un peu, en l'entendant. Un monde qui me laisse un peu incrédule, un peu méfiante, un peu rêveuse.
" Acte II, scène I, je te contacte, c'est ça? "
Je garde un sourire en coin en retirant la ceinture de sécurité. Je passe le pouce sur le poignet qu'il a provisoirement tatoué. Je ne sais pas si je vais l'appeler. Je sais que dès que j'aurai posé le pied hors de sa voiture, le doute va m'engloutir. C'est inexorable. Un phénomène naturel, prévisible. L'arrivée d'une nuit, le flux des marées. Je souris. Je savoure l'instant fragile. Je m'y accroche un peu.
Peut-être inventerai-je un prétexte. Un "je ne retrouve plus ça… Je l'ai laissé chez toi?". Peut-être ferais-je semblant d'oublier.
Ou, peut-être, ça sera simple, le contacter… Pour dire une bêtise. Un "j'ai vu cette fille gifler un mec. J'ai pensé à toi. Comment tu vas?"
J'ouvre la porte, je pivote. Mes pieds sont déjà sur le trottoir, coincés sur leurs talons trop hauts. J'échappe à l'habitacle, me retourne, souris, penchée, un bras appuyé sur le toit.
Je le remercie, je referme la porte, m'éloigne d'un pas. Un merci lourd de trop de sens secrets qui ne m'allège pas vraiment. C'est moi qui suis immobile, à présent, lui qui est entrainé dans un mouvement étranger. Physique appliquée? Comment calcule-t-on la vitesse, sur base du temps - infini, si court, un instant - et de la distance - un gouffre, un mensonge, une présence? Comment y intègre-t-on l'accélération et mes pas qui se détournent et gravissent les marches vers l'appartement?
Sommes-nous encore si éloignés?
A quoi bon la physique?
Ai-je peur?
Lola, quand elle voit une fille sexy