Si Charly appréciait particulièrement la présence de son amie, ça n’était pas uniquement parce que c’était une jolie fille. Il n’ignorait pas ce qui pouvait se raconter à son sujet, lui, ce fier Delta qu’il représentait. L’Allemand n’avait jamais caché le fait qu’il fréquentait beaucoup de filles, peut-être un peu trop pour l’image qu’il devait donner, pour la réputation qu’il devait avoir aux yeux de sa famille et plus particulièrement aux yeux de son père. Charlotte n’était pas celle dont on se contentait une seule journée, juste « histoire de ». La Française était intelligente, douce, drôle, cultivée et – l’aura-t-on dit assez ? – magnifique. L’héritier s’était déjà imaginé à ses côtés, de façon officielle, car c’était exactement le genre de femme qui plairait à Monsieur Von Bodman, une femme naturellement élégante et distinguée et qui ferait fureur dans l’assemblée de tous ces aristocrates aux nombreux titres et à importance ridicule qu’ils se donnaient eux-mêmes. Toutes ces raisons réunies laissaient à Charly une question sans réponse : pourquoi était-elle toujours seule ? La blonde avait eu beau essayer de lui expliquer en long, en large et en travers les raisons de son célibat, Charly n’en démordait pas, il ne comprenait pas, même quand elle le prenait pour exemple afin d’expliquer le fait qu’elle n’allait pas papillonner. « Voyons je suis un homme très sage qui ne s’aventure pas n’importe où ! » souligna Charly avant d’ajouter : « Peut-être qu’après cette soirée les gens croiront qu’on est ensemble. T’imagine un peu ta chance ? » Même s’il disait ces mots sur le ton de la rigolade, le jeune Allemand ne pouvait s’empêcher de penser que ses heures de célibat étaient comptées. Tôt ou tard ils auraient à faire face à ses obligations, lui et… Oxanna.
Dans ses souvenirs, rien n’était plus évident pour le jeune homme que de finir aux côtés d’une jeune femme qu’il aimerait pour ce qu’elle était vraiment et non pour des titres et des comptes en banque au nombre incalculable de zéros. Oxanna représentait depuis toujours une amitié solide, mais depuis peu était devenue cette future femme en blanc à qui Charly aurait à dire « oui ». L’Allemand regardait Ren et Josh, incapable de penser à autre chose qu’au fait que la brune représentait la simplicité même, et ce malgré ses mensonges et ses trahisons. Elle au moins elle pourrait vivre une vie dont elle choisira le chemin, elle sera heureuse et au fond, c’était tout ce que pouvait lui souhaiter Charly. Charlotte aussi serait heureuse, il le savait, comme la plupart des personnes présentes à cette soirée.
« Moi aussi je suis très heureux. J’ai l’impression que tout est simple avec toi, qu’à chaque fois tout se passe pour le mieux. » avoua l’Allemand qui s’était rapproché de sa cavalière. « T’as toujours été quelqu’un sur qui je pouvais compter pour illuminer ma journée. » Charly conduit lentement leur danse à travers la salle sans prêter attention aux personnes qui évoluaient autour d’eux. L’espace d’un instant, son pied quitta leur zone de danse et ces quelques secondes suffirent pour que le fauteuil de Thomas lui écrase les orteils. Un cri de douleur se fit entendre dans la salle de bal même si la musique était assez forte pour que certains, les plus éloignés, ne puissent entendre ni remarquer ce qui se passait. Charly serrait les dents, son pied touchant à peine le sol. Il ne lui fallut pas plus de dix secondes pour reconnaître Thomas, son filleul. Ce cas désespéré ne perdait rien pour attendre mais Charly préférait calmer ses démons intérieurs le temps de cette soirée… Car c’était avant tout la nuit de Charlotte et il ne s’agissait pas de la gâcher sous prétexte qu’il était pris par des pulsions meurtrières. « A ton avis je vais bien ? » lança tout de même Charly à son handicapé de « protégé ». Il jouerait au moins le mal aimable l’espace de quelques minutes. « Tu veux que moi aussi je te roule dessus pour que tu vois ce que ça fait c’est ça ? » Charly soupira avant de se retourner vers Charlotte. « Je crois qu’on va devoir écourter notre première danse, ce mec pèse au moins 90 kilos. » Si ce Winchester pensait s’en tirer sans une égratignure, il se fourrait le doigt dans l’œil. Non Charly seulement souffrait le martyre, mais cet attardé venait aussi de réduire à néant la soirée de Charlotte ainsi que celle de l’Allemand. Qu’est-ce que l’on dit déjà dans ce genre de situation ? Rira bien qui rira le dernier ?
Ka Pua Maila I Ka Mauna
There is pleasure in the pathless woods, there is rapture on the lonely shore, there is society where none intrudes. By the deep sea and the music in its roar. I love not man the less, but Nature more.endlesslove